L’eau n’est pas molle, là.

[par Julien d’Abrigeon]


L’eau n’est pas molle, là. Ici, votre eau est dure. Très dure, ici, rude. Très. Pas molle l’eau, pas drôle. Elle frappe franc.
L’eau a beau, comme tout eau, perdre, elle a beau jeu de perdre, comme toute eau, la mémoire, elle laisse des traces, sa trace sur les verres, en surface sur les surfaces, blanche, râpeuse. Sa dureté s’y installe, blanche et sèche, râpe dure. Le calcaire craquant, sur les surface, les verres, s’immisce dans les entrailles des cafetières, sur des résistances qui ne s’y opposent pas, se laissant encoconner raide la pierre sarcophage la ferraille à blanc. L’inertie fossile.
Hopefully, Dieu merci, des pastilles anti-fossiles ramollissent l’eau, existent des sels amollissants pour rendre l’eau molle, pour qu’elle se la coule douce, mollo, cool, se jette à l’eau sans laisser de trace, Madame Denise, sous-Mère Denis molle. Le chauffe-eau, la hache entre deux eaux. La dure et la molle. La machine. Il faut mettre ça, placer des pastilles, madame, on vous l’a dit. Un homme vous dit, madame, de mettre des pastilles pour l’eau molle dans votre machine, il vous le répète, il a du noir sur le bleu, il est sérieux, il n’est pas drôle. Il n’a pas l’air mou. Il faut mettre de la pastille, Madame Denise. Vous n’en faites qu’à votre tête, Madame Denise, je vous l’ai dit, vous le répète, l’eau est dure et les temps tout autant. L’eau pète les machines, le calcaire s’incruste, il s’accroche à la résistance, qui se laisse faire et chauffe et chauffe et claque. Il faut mettre des pastilles pour avoir l’eau molle, Madame Denise. Au lieu de danser le cha-cha-cha, insouciante, d’envoyer valser la machine, la machine du linge des gamins, la chemise de monsieur Denise. Pourquoi enlever cette croûte blanche qui vous recouvrait ? Ce n’est pas drôle Madame Denise. Vous ne semblez pas réaliser toute la gravité de la chose. Toute la dureté de la vie.

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